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Et si les écrans n’étaient pas les pires ennemis de vos enfants ?

by Maman Securange

Et si on parlait des écrans ? Histoire de continuer notre nouvelle série « Les Thèses/Antithèses de la parentalité » ! Tout n’est pas toujours tout noir ou tout blanc, avoir des idées reçues sans fondement fiables et objectifs n’est jamais sain et en parentalité encore moins. Alors l’équipe des Accrospécialistes a décidé d’aller plus loin en confrontant, sur différents thèmes des idées, les pours, les contres, les avantages et les inconvénients, avec, toujours pour objectif, de vous amener à avoir une vision modérée et équilibrée ! > Voir nos premiers sujets

Aujourd’hui je voudrais parler des écrans et des enfants. Encore 1x j’ai l’impression qu’il existe un monde infini entre les familles ZERO écran, total rejet et les familles FREESTYLE écran à volonté. Cela fait toujours débat comme s’il fallait toujours être d’un côté extrême ou de l’autre. Et si on faisait des recherches pour y voir plus clair ?

Les bonnes questions sur les écrans

Pour tenter de répondre le plus sérieusement possible à cette question il faut prendre en considération de nombreux paramètres : c’est une question de durée, d’accompagnement, d’âge, de type d’écran et de type de contenu ! Toutes ces affiches à la mode uniquement basées sur l’âge n’ont scientifiquement aucun sens et aucune valeur. Ne vous laissez pas convaincre par les théories des 12 min à 3 ans et 27 min à 5 ans, le vrai fond du sujet n’est pas là.

Combien de temps ?

C’est LA question de base ! Vous avez du voir pas mal d’articles très alarmistes sur la nocivité des écrans sur les enfants mais ATTENTION, il s’agit toujours de SUREXEPOSITION des enfants entre 3h à 6h par jour. A ce jour aucune étude sérieuse n’a démontré d’impact négatif, d’un usage raisonné des écrans, sur nos enfants.

Vous avez certainement déjà vu l’image ci-dessous. C’est une illustration qui vient d’un article publié en 2006 dans une revue allemande de pédiatrie , « Kinder und Jugendarzt« , et tout ce qui a pu être dit sur les réseaux au sujet de cette étude est faux et totalement hors contexte. L’image est souvent incomplète et la légende et la source totalement détournées.

A gauche la fausse légende détournée pour diaboliser les écrans, à droite le vrai visuel de l’étude avec 4 lignes de dessin, dont la légende montre des dessins typiques réalisés par des enfants d’âge préscolaire (moins de 6 ans) :

  • Ligne 1. provenant « de familles non-fumeuses regardant jusqu’à une heure de télévision quotidienne« ,
  • Ligne 2. provenant « de familles avec une consommation quotidienne de télévision d’au moins 3 heures« ,
  • Ligne 3. provenant « de familles dont les parents ont une consommation de nicotine d’au moins 20 cigarettes par jour« ,
  • Ligne 4. « des dessins de bonshommes fragmentés« 

Non seulement les légendes n’ont rien à voir, mais en plus, les lignes C et D ne concernent pas du tout les temps d’écran. Il n’a jamais été question de traumatismes. Les enfants du haut ligne A regardent la TV quotidiennement 1h par jour tout de même et ceux du dessous ligne B plus de 3h par jour ! Les chercheurs ont en établi un barème de notation pour les évaluer les dessins de ces enfants.

Les enfants ayant passé :

  • moins d’1 heure devant la télévision décrochent une moyenne de 10,4 points
  • entre 1 et 2 heures de télévision par jour reçoivent 10,1 points en moyenne,
  • entre 2 et 3 heures récoltent 8,1 points en moyenne,
  • plus de 3 heures par jour ont une moyenne de 6,4 points.

Même si on manque d’information sur les détails de cette étude on comprend facilement les effets négatifs de la « SUREXEPOSITION » et on peut comprendre qu’un usage raisonné (moins de 2h) n’est pas dramatique.

Serge Tisseron, psychiatre et membre du Conseil national du numérique souligne aussi que « d’un point de vue de clinicien, les dessins de la dernière ligne sont des dessins d’enfants présentant des troubles autistiques » pour laisser penser que la télévision pourrait directement mener à des troubles du spectre de l’autisme (TSA). La Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle qu’il « n’y a pas d’éléments dans la littérature au sujet d’un quelconque rapprochement entre exposition aux écrans et TSA« . (source AFP). C’est l’occasion aussi de rappeler qu’il n’existe pas d’étude pouvant démontrer un lien entre les écrans et les TND (trouble du neuro développement). Même l’INSERM le rappel « Si l’exposition prolongée aux écrans chez les plus jeunes peut avoir des effets délétères sur le développement du langage ou de la concentration, il n’est en aucun cas la cause d’un TSA. »

Si certains arrivent à vous le faire croire et vous faire peur, ils risquent surtout de vous faire perdre un temps précieux dans le début d’une vraie prise en charge.

Notez aussi que les recherches ne mentionnent pas d’autres informations sur la façon dont les enfants et les dessins ont été étudiés ou été choisis, ni de quelles catégories socio-culturelles ils sont issus. Si vous voulez en savoir plus sur la véritable étude.

Quel est l’âge de l’enfant ?

Suivant son âge et son étape de développement les effets des écrans ne seront pas les mêmes.

Dans l’idéal on évite avant 3 ans, c’est une des périodes les plus cruciales du développement de vos enfants. Les neurosciences démontrent que les écrans mal utilisés peuvent avoir un impact négatif sur le développement des tout-petits. En cause : la surcharge d’informations, la vitesses des images, le manque d’interaction et la lumière bleue produite par les écrans. Mais rassurez-vous il n’y aurait que 8 % de moins de 2 ans qui utiliseraient vraiment trop les écrans.

Passer de trop à rien ou presque rien n’est pas forcement la solution. Il existe un rapport, commandé par l’Académie des sciences en 2013, qui affirme que les tablettes tactiles peuvent être utiles avant 2 ans, en présence d’un adulte. Selon le rapport, les tablettes peuvent être « un objet d’exploration et d’apprentissage parmi les autres objets du monde réel. » A cet époque ou le numérique est central dans nos usage, il est de bon sens de leur apprendre à bien les utiliser.

L’American Academy of Pediatrics recommande ceci :L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Bébés et tout-petits (moins de 18 mois) : aucun temps passé devant un écran
Enfants de 2 à 5 ans : temps limité devant un écran – au plus une heure par jour.
Eviter les écrans avant l’âge de deux ans, puis ne pas dépasser une heure d’écran par jour jusqu’à cinq ans. « Plus ce temps est faible, mieux c’est« , selon un avis publié en 2019.

Il est surtout encore 1x recommandé aux parents d’enfants de 2 à 5 ans :

  • de choisir des émissions adaptées,
  • de regarder les vidéos avec leur enfant,
  • de parler avec leur enfant tout en regardant les vidéos,
  • d’établir des liens entre les vidéos et ce que voit leur enfant dans la vie de tous les jours.

Quel type d’écran ?

Tous les supports ne proposent pas les mêmes interactions pour vos enfants :

  • Il y a les écrans passifs ou non interactif, comme la TV, les vidéos, films, dessins animés. Oui ce sont des écrans passifs dans le sens l’on est sous hypnose, sans aucune activité motrice, sans interaction, sans action de notre part.
  • Et il y a les écrans actifs comme les consoles et les tablettes on l’on va réfléchir, perdre et gagner, recommencer, apprendre, persévérer, chercher, améliorer…

Même si on peut avoir parfois besoin de ce moment de déconnexion totale l’espace d’un instant avec un contenu passif, les contenus actifs sont nettement plus intéressants pour nos enfants. Les plus jeunes enfants se construisent dans l’interaction avec les objects et les échanges avec les adultes, un écran passif ne favorise pas ce type d’interactions et peut au contraire freiner le développement du tout-petit. A l’inverse un écran actif, comme une tablette avec une application, peut être comme on l’a déjà dit « un objet d’exploration et d’apprentissage » avec le parent.

© Milan Zivkovic/shutterstock.com

Résoudre des énigmes, des puzzle, chercher attentivement, répondre à des questions, se familiariser avec les sons, les formes, les animaux etc… autant d’exemple de jeux interactifs qui peuvent être intéressants. Plusieurs jeux développent l’intelligence de l’enfant, renforcent sa mémoire et son habileté. En effet, l’interactivité stimule chez l’enfant une participation active. Cela sollicite ainsi à la fois son cerveau et ses membres. Les réflexes de l’enfant sont développés ainsi que QI non verbal.

Quel contenu sur les écrans ?

Il y a bien sûr écran et écran… tout le problème ne réside pas dans cette plaque de verre, mais plutôt de ce qu’elle vous envoie. Faites en sorte de toujours vérifier ce que vos enfants regardent, ou ce à quoi vos enfants jouent. Tous les contenus ne sont pas adaptés à tous les âges, même si vous pensez avoir des enfants matures.

Bien trop d’enfants ont accès a des films ou des series pour adultes, ou encore à des jeux vidéos violents. Au delà des âges indiqués (qui sont rarement respectés) chaque enfant a sa sensibilité. Il est toujours recommandé de vérifier le thème d’un film, d’en regarder la bande annonce avant et de penser à le commenter avec l’enfant.

Pour les jeux vidéos, au delà d’un forme de violence évidemment à éviter, attention aussi à tous ces mini jeux avec des systèmes de récompenses journalières qui incitent à revenir tous les jours et crée une forme d’addiction.

Pour info voici les labels des jeux pour chaque âge :

  • Pour les enfants de 3 ans et plus : le label 3+ rassure sur un contenu approprié aux plus jeunes. Dans cette catégorie, les titres sont sains et ne comportent aucun élément pouvant inquiéter un parent.
  • Pour les enfants de 6 ans et plus : le label 6+ présente des jeux dont le contenu peut avoir des marques de violences animées. Certes, cela ne domine pas, mais toujours est-il qu’il peut y être présent quelques éléments de violences fictives, des avatars tenant un langage parfois grossier.
  • Les enfants de 10 ans et plus : le label 10+ présente des jeux qui proposent des éléments dont le degré de violence animée est un peu plus fort. Dans cette catégorie, il faut savoir que votre enfant sera confronté aux langages grossiers et à quelques scènes suggestives.
  • Pour les adolescents : Les contenus proposés avec le label 13+ sont de plus en plus réalistes. Les éléments de violence avec représentation de sang, les thèmes suggestifs, le langage acerbe ou ordurier peuvent y être rencontrés.
  • 17 ans et plus : avec le label 17+ les jeux vidéo proposés comportent un degré élevé de violence, parfois des scènes sexuelles et un langage ordurier. Ce sont des jeux réservés pour les adolescents et les adultes.

Quel moment pour les écrans ?

Il y a 2 périodes principales à éviter :

  • Le matin avant l’école : L’attention est essentielle pour les apprentissages scolaires. Or, les écrans (TV, jeux vidéo, portable…) surstimulent l’attention non volontaire et épuisent l’attention de l’enfant au bout de 15 minutes. Un enfant qui regarde un écran le matin est capté par les stimuli visuels et sonores ultrarapides de l’écran ; ceux-ci fatiguent son système attentionnel avant d’arriver en classe. Un enfant dont l’attention est épuisée est un enfant qui bouge, qui parle, qui fait tomber ses affaires… et qui ne parvient plus à se concentrer ! Cela peut avoir des conséquences sur ses apprentissages.
  • Pas avant de dormir : Le sommeil se forme avec les dernières images perçues. Il sera de moins bonne qualité si on regarde un écran avant de s’endormir, car l’image animée, même adaptée, n’est pas une activité calmante pour le cerveau de l’enfant. Elle est trop stimulante émotionnellement. L’écran diffuse une lumière bleue (LED) qui inhibe la sécrétion de la mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, empêchant l’enfant de s’endormir naturellement.

(Source : Centre pour l’éducation aux médias et à l’information)

Quelles interactions ? Quel accompagnement ?

On ne peut pas tout résumer par du « temps d’écran ». En effet regarder un film avec vos enfants, rire, commenter, n’est pas le même usage le laisser seul sur YouTube. De même faire une partie de jeu vidéo avec lui, ou entre frères et sœurs, réfléchir, échanger, n’est pas le même usage que jouer seul dans sa chambres.

Même si parfois en regardant la TV on cherche justement un peu à s’isoler, parce que l’on peut en avoir besoin un moment, tout usage des écrans ne signifie pas forcement un manque d’interactions, au contraire. On peut avoir d’excellentes interactions via les écrans avec nos enfants. Autant d’ailleurs privilégier l’usage des écrans, dans les pièces collectives. Une soirée film en famille peut vraiment être un moment de partage précieux, voir un rituel sympa qu’on attend toutes les semaines.

Avec les plus jeunes, il est souvent très important de commenter les programmes que l’on regarde ensemble. le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande notamment de proscrire les écrans avant l’âge de 3 ans « si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies« . Les écrans peuvent offrir des contenus intéressants à partager, mais il ne sont pas à utiliser comme mode de décharge parental. A 2 ans c’est compliqué pour un enfant d’appréhender le déroulé de l’histoire si un adulte n’est pas à côté de lui pour lui expliquer la succession des scènes.

Une équipe de chercheurs australienne a étudié l’association entre le temps passé devant un écran et trois mesures du dialogue parents/enfants. Cette etude, pleine de bon sens, explique le concept de « technoférence » (interférence basée sur la technologie) et suggère que le temps passé devant un écran peut interférer avec les opportunités de conversation et d’interactions entre le parent et l’enfant.

Les chercheurs suggèrent d’encourager les familles à « utiliser le temps d’écran comme une opportunité d’interaction avec leur enfant ».« Le concept de co-télévision interactive est devenu une stratégie de plus en plus populaire pour le temps d’écran des enfants, démontrant des améliorations dans les résultats linguistiques des enfants. Cette stratégie implique que les parents interagissent avec l’enfant pendant le temps d’écran pour aider à faciliter les avantages éducatifs », soulignent-ils.

Qu’en est-il de la lumière bleue ?

La lumière de façon générale influe sur nos humeurs et notre bien être. Avec une longueur d’onde comprise entre 380 et 500 nanomètres, la lumière bleue est une lumière puissante à laquelle l’œil est particulièrement sensible. La lumière est émise par le soleil et par les technologies modernes (LED et écrans numériques). Elle est nécessaire pour l’éveil et notre rythme de sommeil mais, en trop grande quantité, elle vient perturber la rétine et notre horloge interne. Pour un sommeil réparateur, il faut donc éviter les écrans avant le coucher et dans la chambre.

Une quantité trop grande de bande ultraviolette et bleu-violette risque de nuire à l’œil. Mais rassurez vous, exposé à l’extérieur pendant une journée nuageuse pendant une heure expose nos yeux jusqu’à 30 fois plus à la lumière bleue que de passer une heure face à un écran.

En fait le problème de la vision avec nos écrans est ailleurs. Avec les écrans, nous regardons les choses continuellement de très près. Les yeux ont besoin de regarder loin pour se reposer et doivent aussi apprendre à s’accommoder rapidement à diverses distances. L’idéal est donc de faire des pauses et offrant aux yeux la possibilité de regarder loin régulièrement.

Conclusion

La conclusion est simple et une question de bon sens : les écrans bien utilisés, ne sont pas nocifs pour les enfants. Evidemment les usages, de presque tout, en excès, ont forcement des impacts négatifs… C’est assez facile d’enfoncer cette porte ouverte.

Tout est question du choix du contenu, de son mode d’usage et de sa durée. La qualité du contenu que vos enfants regardent, et les interactions que vous avez avec vos enfants pendant qu’ils regardent une vidéo avec vous au lieu de la regarder seuls, pourraient bien être plus importantes que la quantité de temps que passe un enfant de 2 à 5 ans devant un écran.

Il est aussi question de ce que font les enfants le reste du temps, le fameux équilibre global. Font-ils des activités sportives, des jeux de constructions, des jeux de sociétés, des sorties, des jeux avec leurs amis, des activités manuelles … ? Quelles interactions ont-ils avec vous, avec et sans écran ?

L’affiche du programme des « balises 3-6-9-12« , mis en avant par des professionnels du monde de l’enfance et notamment par Serge Tisseron, est intéressante parce qu’elle ne fixe de règles arbitraires de 12min à 3 ans et 24min à 5 ans. Elle donne des pistes de bon sens.

L’enjeu n’est pas de les bannir les écrans mais d’apprendre à nos enfants à les gérer en fixant dès leur plus jeune âge des règles de bon usage. Comme on apprend à bien manger, il est important d’apprendre à bien utiliser les écrans.

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