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Les 1ères conclusions de l’étude Nutri-bébé 2022

by Delphine

Depuis 40 ans, le Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFEA) étudie les habitudes alimentaires des tout-petits : que et comment mangent-ils ? Leurs parents suivent-ils les recommandations en terme d’alimentation ? Voici les questions auxquelles l’étude Nutri-bébé veut répondre à chaque nouvelle édition.

La nutrition infantile, un intérêt récent

Cela peut nous paraître très étrange mais la nutrition infantile est une discipline récente : dans les années 80, elle n’était même pas enseignée à la faculté de médecine ! Il n’existait alors aucune donnée sur l’alimentation des tout-petits à part les chiffres des ventes des fabricants d’aliments infantiles.

En 1981, le SFEA s’empare de ce problème et s’associe au laboratoire de physiologie de la faculté de Dijon pour lancer une étude scientifique sur la consommation des bébés de moins de 24 mois. L’étude, alors unique en Europe, visait à quantifier les apports nutritionnels des plus-petits (quantité de protéine, apport en fer, calcium, …)

Depuis, l’étude Nutri-bébé s’est élargie en se penchant sur les bébés de moins de 3 ans et en les séparant en 11 groupes, selon leur âge. Elle ne cherche plus seulement à savoir ce que mangent les bébés mais aussi comment il mange, avec qui, dans quelle « ambiance », où et comment les parents se renseignent sur l’alimentation des bébés, s’il existe des différences en fonction de la situation socio-économique, de la composition de la famille …

De plus, l’étude est maintenant suivie par un comité d’experts regroupant le Docteur Sandra Brancato, pédiatre et membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire, Amandine Rochedy, sociologue à l’Université de Toulouse Jean-Jaurès et le Docteur Jean-Pierre Chouraqui, pédiatre spécialisé en nutrition et en gastro-entérologie.

Une étude qui prend du temps

L’étude en elle-même est plus complexe qu’elle n’y parait et ne se limite pas à un questionnaire envoyé aux parents volontaires. La collecte des informations est organisée en 3 phases :

  • un premier questionnaire sur les pratiques alimentaires, réalisé lors d’un entretien en face à face,
  • une évaluation des consommations et des apports nutritionnels via un carnet digital dans lequel les parents doivent noter tous ce que boit et mange leur bébés pendant 3 jours,
  • un questionnaire en ligne sur les pratiques alimentaires.

En tout, comptez 1 à 2 ans pour préparer l’étude (questions, sélection des parents, …) et 2 à 3 ans pour exploiter toutes les données recueillies. Cela explique que le SFEA a choisi de laisser un intervalle de 8 ans entre chaque étude Nutri-bébé.

Les premières observations

L’édition 2022 de Nutri-bébé a déjà donné ses 1ers enseignements : parmi eux et sûrement le plus surprenant, le taux d’allaitement maternel a très significativement diminué en France en passant de 62% en 2013 à 55 % cette année.

crédit photo lansinoh

Une baisse de l’allaitement en France

Les hypothèses avancées à cette diminution pointent du doigt la crise du COVID-19 avec une baisse de l’accompagnement des mamans autant à la maternité qu’à leur retour à la maison.

En parallèle, l’étude a montré que les mamans allaitent plus longtemps : 6 mois en moyenne. Paradoxalement, ce serait aussi la crise du COVID-19 qui aurait permis aux nouvelles mamans d’allaiter plus longtemps. En effet, le plus souvent c’est la difficulté de concilier allaitement et travail qui marque la fin de l’allaitement : l’incitation au télétravail et les périodes d’inactivités ont donc favorisé l’allongement de cette durée.

Le lait

Avant tout rappelons que l’OMS préconise un allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois puis en accompagnement de la diversification alimentaire jusqu’à 2 ans.

Cependant, pour les mamans qui ne peuvent ou ne souhaitent pas allaiter, il existe des laits adaptés aux besoins spécifiques des bébés :

  • de la naissance à la diversification alimentaire, le lait dit « 1er âge »
  • des débuts de la diversification alimentaire à 1 an, le lait dit « 2e âge » ou « lait de suite »
  • de 1 à 3 ans, le lait dit « 3e âge » ou « lait de croissance »

Chacun de ses laits est conçu selon un cahier très précis répondant aux besoins spécifiques de chaque tranche d’âge, permettant de garantir les apports nécessaires à la bonne croissance et au bon développement des bébés.

Si les parents respectent bien les préconisations concernant les laits 1er et 2e âge, l’étude Nutri-bébé a mis en avant le passage trop précoce au lait de vache demi-écrémé, parfois dès 1 an. Or les pédiatres rappellent qu’avant 3 ans celui-ci n’apporte pas en quantités suffisantes des éléments essentiels au bon développement de votre bébé comme les bons lipides, le fer…

Ainsi, entre 1 et 3 ans, en l’absence d’allaitement maternel, le lait de croissance est le lait conseillé car ses apports sont calculés en fonction des besoins spécifiques de cette tranche d’âge. A défaut, il est préférable de se tourner vers un lait de vache entier et non demi-écrémé.

La texture et la diversification

L’étude Nutri-bébé montre un passage (trop) tardif aux textures variées lors de la diversification. La pédiatre Docteur Sandra Brancato rappelle qu’il est important d’introduire des textures différentes à votre bébé le plus tôt possible, dès qu’il est capable de s’asseoir et de saisir les aliments. Les textures trop lisses favorisent les « mauvaises » habitudes alimentaires : le jeune enfant se nourrissant « trop » vite, il aurait moins conscience de sa satiété.

Un bébé n’est pas un mini-adulte

En terme d’alimentation, les bébés ont aussi des besoins spécifiques et la part des différents apports nécessaires est différente de la nôtre.

Les « diets » alimentaires : L’étude Nutri-bébé a aussi mis en avant que 60% des parents suppriment ou réduisent certains aliments pourtant indispensables de l’alimentation de leurs jeunes enfants, notamment avec la tendance au flexitarisme (réduction de la consommation de viande) et à la diminution des apports de graisses.

Si ces régimes peuvent être intéressants pour les adultes, un enfant de moins de 3 ans a besoin de 40% de « bons » lipides (bons gras), indispensables au développement de son cerveau et d’une alimentation 5 fois plus riche en fer qu’un adulte.

« Le bon gras, c’est la vie » Docteur Sandra Brancato

Ainsi, les parents souhaitant mettre en place, pour leur bébé, une alimentation flexitalienne, végétarienne ou végétalienne doivent absolument en parler avec un professionnel de santé pour voir ensemble comment garantir l’équilibre des apports et éviter toute carence.

A titre d’exemple, les jus végétaux sont sources de nombreuses carences chez les tout-petits : le fer d’origine végétale est notamment moins bien assimilé par les tout-petits que le fer d’origine animale.

Auprès de qui prennent conseil les jeunes parents ?

Plus d’une maman primipares (1er enfant) sur 2 prend conseil auprès du corps médical et particulièrement auprès de son pédiatre. A contrario, 57% des mamans multipares (ayant déjà des enfants) écoutent plus leur instinct.

Ces proportions sont cependant très variables en fonction de l’âge de leur bébé, les parents interrogeant plus leur pédiatre aux grandes étapes : dans les premiers semaines, vers 6-9 mois, puis vers 10-11 mois.

Alimentation et écran

Même lorsqu’on parle d’alimentation pour les moins de 3 ans, on parle écran…

En effet, malgré les recommandations et campagnes diffusées ces dernières années, l’étude Nutri-bébé montre que près d’un bébé sur deux a eu accès à un écran au moment d’un repas au cours des 7 derniers jours et notamment au moment du petit déjeuner.

Naturellement, la présence d’un grand frère ou d’une grande sœur a un impact important sur ce pourcentage.

Rappelons que les écrans n’ont aucun intérêt pédago-éducatif pour les plus petits et que leur accès doit ensuite être mesuré et accompagnée par un adulte afin de permettre des interactions.

L’alimentation des tout-petits est soumise à une réglementation plus stricte

Le saviez-vous ? Au total, ce sont plus de 150 contrôles qui sont réalisés sur les produits alimentaires pour les moins de 3 ans, de la matière première au produit fini.

Depuis 2018, une norme AFNOR (NF V90-001) a été mise en place. Elle garantit que les aliments sont destinés à l’alimentation des tout-petits. Ces aliments sont facilement reconnaissables car ils portent maintenant ce logo, qu’ils soient proposés au rayon « bébé » ou dans n’importe quel autre rayon.

nutri-bébé

Retrouvez plus bientôt la suite de l’étude Nutri-bébé et plus d’infos nutrition sur le webzine

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